Éléonore pris une grande inspiration et la plume avant d'ouvrir le petit carnet qu'elle avait acheté l'après-midi même. Un instant, elle pensa à écrire son avis sur ce qu'il se passait ces derniers temps avec la croisade écarlate. L'humaine soupira. Tout cela n'avait aucun sens. Elle se devait d'être honnête, au moins avec elle même. Elle ouvrit la première page, trempa sa plume d'encre et écrivit:
"Mon nom est Éléonore Paraval. Il y a des années de cela, j'étais une simple fille de ferme de Lordaeron. Ma vie n'avait aucun avenir, aucun passé digne d'intérêt. Puis vint le Fléau. Pareil à une nuée de sauterelles, les légions des morts balayèrent le royaume qui m'avait vu naître. Ma famille ne fut pas épargnée: d'une quinzaine de personnes, nous n'étions plus que deux, mon grand-père et moi. Mon aïeul était un vétéran de la seconde guerre et m'avais appris le maniement des armes. Il connaissait certaines gens qui eux-même connaissaient des forces vives qui commençaient déjà à se relever pour lutter contre les morts. C'est ce jour là que j'appris l'existence de la Croisade Écarlate.
La croisade fut pour moi une nouvelle famille. Au monastère, j'appris à me battre sans peur contre les abominations de la morte-vie. Dans la douleur certes, mais avec des gens aussi déterminés que moi de sauver nos terres. Pendant près de huit ans, aux côtés de la générale Abbendis et de mes frères d'armes, je combattit les hordes du roi liche, les ignobles bêtes de la Horde et les infâmes traîtres de l'Alliance qui nous avaient abandonnés. Aux côté des écarlates, j'appris à infliger la souffrance aux mécréants au nom de la Lumière Sacrée. Dans notre folie de mettre un terme aux exactions du Fléau, moi et mes camarades, guidés par nos bien-aimés officiers, partîmes pour le Norfendre avec l'Assaut Écarlate. Quelle folie...
Avec mes amis de la première heure, nous fûmes affectés au front polaire de la Désolation des Dragons. Là bas, sous les arbres congelés, nous avons affronté l'Alliance, la Horde et surtout le Fléau, qui était dans cette région menée par Kel'Thuzad en personne. Plutôt que d'envoyer ses meilleurs éléments destinés à garder Naxxramas, il libéra sur nous un spectre bardé de fer noir appelé Silumgar. Sa technique préférée consistait à attraper vivant ses ennemis pour les torturer et renvoyer leurs carcasses réanimées attaquer leurs anciens amis. Devoir tuer mes amis encore et encore fut trop pour moi.
Morte de chagrin et de honte, je désertais ma position pour rejoindre Nouvelle-Âtreval, mais il était trop tard: l'Alliance et la Horde l'avaient capturée. Isolée, morte de douleur, je m'enfonçait dans les désolations gelées jusqu'à trouver par pur accident un avant-poste de la nouvelle-née Croisade d'Argent. Me retrouvant à moitié gelée et en état de profonde dépression.
Que dire de plus? La Croisade d'Argent m'adopta et m'enseigna des valeurs plus honorables que l'avait fait la Croisade Écarlate. Je découvrit avec horreur les exactions que j'avais fait au nom de la Lumière. Pour faire pénitence, je renonçait à mon lien avec elle de peur de la Souiller de ma propre corruption.
Pendant les années qui suivirent, je servit avec dévouement et une loyauté sans failles les armées de Fordring. La présence rassurante de la Lumière me manquait, mais je savais que, lorsque je serais digne de mériter sa confiance à nouveau.
Pourtant, tout ce que j'écris n'a aucune importance. Avec le retour de la croisade, je sens que mon âme sombre à nouveau dans les ténèbres que j'ai servit. Pour avoir fait partit de la croisade écarlate, je sais qu'ils sont déterminés au delà de toute logique et qu'ils ne plieront que devant très peu de choses. A chaque coup de tison que j'inflige pour essayer de mettre fin à leurs déprédations, je sens mes péchés ramper le long de mon dos.
J'ai peur..."
HRP:
Eléonore est une paladine humaine (je joue une elfe pour être dans la guilde, mais c'est une humaine) qui n'a aucun pouvoir sur la Lumière. Malgré un bon fond, n'oubliez pas que le fait de comprendre ses crimes l'a surement beaucoup plus touché qu'elle ne le crois...