Adaneril avait chaud. C'était intolérable. La nouvelle Âtreval était battue en permanence par des vents polaires, le soleil se montrait à peine entre les lourds nuages et pourtant... Pourtant le prêtre se sentait mourir de chaud. Ce n'était pas naturel évidement. Il sentait que chaque battement de cœur était plus douloureux. Chaque seconde ajoutait à son martyr une miette d'insoutenable. Ses veines étaient à présent visible de l'extérieur et semblaient avoir une couleur gris-cendre. Adaneril n'avait même pas essayé d'imaginer comment devait être son sang après son empoisonnement définitif. Dans la grande partie de carte qu'était la vie, Silumgar avait manifestement sortit un as de sa manche. Mais Adaneril n'avait jamais été un elfe à se décourager dans l'adversité. Et même dans l'adversité, il y avait des rituels à respecter.
La nuit était glaciale. Plus froide qu'aucun gardien n'aurait pu se rappeler depuis leur arrivée en Norfendre d'ailleurs. Pourtant, elle était suffocante pour Adaneril. Peut-être parce que le poison en arrivait à sa phase finale. Peut-être parce que pour une fois, il portait tout son attirail de prêtre de la Lumière, depuis la lourde robe grise aux ornements d'or. Quite à mourir, autant que ce soit la tête haute, face à l'autel. Il était dans la petite chapelle, à l'Ouest de la Nouvelle-Âtreval. Un lieu humble pour célébrer décemment la Lumière uner dernière fois. En regardant par la rosace de verre multicolore, le prêtre contempla un long moment la douce lumière de la Lume, filtrée par le vitrail. Elle était magnifique. Le soleil était écrasant, la Lune... La lune était douce comme la rosée. Elle apportait le repos là où le soleil apportait la rage de se battre.
"Ave Lux belanza, avazance caminite..." Récita le prêtre avant de s'interrompre. Une odeur lui effleura les narines et lui donna la nausée. Une odeur de fer poussiéreux, de sang caillé et de magie nécromantique avec des relents sulfureux. Adaneril ne se souvenait que d'une personne avec une telle odeur. Sans un mot, l'elfe de sang se retourna pour voir son vieil ennemi.
Silumgar était tranquillement debout devant la porte grande ouverte, son armure noire brillant avec les reflets de la Lune. Ses deux yeux violacés brillaient faiblement. Le spectre semblait lui aussi respecter le silence sacré car il ne prononça pas la moindre parole. Ce fut finalement Adaneril qui brisa le silence glacial:
"Je t'ai senti tu sais? Ton odeur est reconnaissable entre mille." Silumgar ricanna avant de répondre d'un ton sinistre:
"Tu te doutes alors que je suis ici pour finir ce que j'avais commencé sur les falaises."
"Oui." L'elfe respira difficilement avant de répondre. "Tu attends ça depuis longtemps, hein?"
"Le nier serait mentir. Les Ombres se rassemblent, et avec ta mort tombera l'un des derniers braséros de l'espoir." Le spectre fit un pas menaçant, les ombres qui lui faisaient une cape bougeant pour lui former sa masse d'arme. "Tu m'as chassé comme un chien, à moi de te tuer comme un porc." Le mort-vivant commença à avancer de son pas pesant, ses bottes de saronite faisant crisser le marbre.
"Tu sais Silumgar, nous nous sommes fait bien des surprises ces dernières années..." Il inspira une dernière goulée d'air. "Permet moi de t'offrir la dernière."
Pour Silumgar, l'aura de l'elfe face à lui commença à briller de plus en plus violemment tandis qu'un torrent d'énergie sacrée enveloppait lentement la chapelle. "Soit maudit" commença a grimacer Silumgar tout en avançant implacablement vers sa cible. "Tu ne m'échapperas pas deux fois Adaneril!" Rugit le spectre en frappant de toutes ses forces sur l'elfe. Mais le coup traversa la silhouette qui tombait en petits fragments de lumière pure. Tout autour, la magie sacrée s'animait pour faire expirer la monstruosité qu'était le spectre. Toute la ville commença à se réveiller en sentant cette seconde aude naître autour de la chappelle. Ils se rassemblèrent prudement; mais avant qu'un mot ne soit prononcé, une incroyable déflagration pulvérisa la chapelle.
Vil'Ja n'y voyait presque rien. Les ténèbres avaient été balayées par l'explosion, aveuglant la majorité des gardiens et des croisés écarlates qui étaient venu. Mais quelque chose attrista terriblement le jeune troll. Il sentait que jamais plus il ne reverrait Adaneril. Pourquoi ce sacrifice, cette débauche de violence? Il ne le saurait peut-être jamais. Puis, a travers l'odeur iodée qui envahissait l'espace se démarqua une autre odeur très reconnaissable. Le troll écarquilla les yeux en voyant une forme plus sombre que le néant jaillir des décombres. Un hurlement spectral résonna dans toute la Nouvelle-Âtreval.
Silumgar était entouré d'une incroyable sphère de magie sacrée et hurlait sa haine mal contenue. On lui avait volé sa victoire... Le spectre finit par reprendre ses esprits et se dirigea pesamment au travers des ruines brûlées. Tout autour, la lumière invoquée par Adaneril commençait à se répandre dans la ville endormie, déclenchant un terrible incendie qui fit disparaître toute idée de nuit. Les gardiens et les croisés foncèrent s'occuper du feu, laissant leur nouveau chef seul face à la créature toute d'ombres et de haine qui se rapprochait.
"Encore toi." Finit par demander le troll avec dégoût.
"Toujours." Répondit avec amertume le spectre.
"Meurs une bonne fois pour toutes!" Rugit alors le chasseur et fonçant sur son adversaite, épée au poing. A son grand étonnement, il rebondit sur le halo de lumière autour du seigneur noir.
"Vois-tu petit troll, la Lumière a définitivement abbandonné votre camp désormais. Elle aussi a plié le genou devant moi." D'un ton triomphal, Silumgar parla très haut, sa voix résonnant par dessus le brasier. "Vos dieux vous ont abbandonnées pour me servir, faîtes de même et vous serez récompensés."
"Mes dieux ne te servent pas." Répondit d'un ton terrifiant le jeune chasseur des ombres. "Jamais je ne servirait une pourriture comme toi." Silumgar le regarda un long moment avant de répondre d'un ton accusateur.
"Je suis peut-être un monstre, mais au moins je suis honête."
"Toi?! Hon..."
"Oui, honête." L'interrompit le nécromancien. "Je ne caches pas ma cruauté sous des faux-semblants comme feu Adaneril ou Vealan. Je suis un monstre, un menteur et un tyran, mais j'ai au moins l'honêteté de ne pas cacher ma Vraie nature. Pas comme les lâches de votre genre, gardiens."
"Nous ne nions pas notre part d'ombre..." Commença Vil'Ja.
"Mais vous la camouflée sous de belles excuses. La justice, la loyauté, la bravoure... Un ramrassis d'ânerie bonne a duper des imbéciles. Vous niez la noirceur de vos coeur, c'est pour celà que vous êtes faibles, que vous tombez comme les blés devant ma faux. J'ai la puissance et je suis prêt à vous la faire découvrir."
"Et a quel prix?" Demanda Oka'Ri qui s'était positionnée derrière Vil'Ja.
"Me servir. Azeroth n'a plus de temps à perdre avec des futilités de guerres. La Légion Ardente approche, et il nous faut être unis. Joignez vous à moi, et ensemble nous briserons Sargeras."
"Le feu ou l'impie..." Rumina le jeune troll.
"Tentant, hein?" Ironisa Silumgar. Face aux silence du couple de trolls, il grogna de frustration. "Très bien jeunes gens. Courrez après vos chimères. Nous nous reverrons lorsque aura eu lieu mon couronnement. Lorsque Azeroth elle-même aura plié le genou devant moi. Adieu, Vil'Ja."
Silumgar se transforma lentement en une brume huileuse jusqu'à disparaître dans les ténèbres. Vil'Ja, le cœur lourd, se retourna pour voir ses soldats lutter avec ardeur contre l’incendie.
"Sacré bûcher funéraire pour toi Adaneril..." Murmura-t-il.
![[20/10/2016] La fin d'une légende... Icon_minitime](https://2img.net/i/fa/subsilver/icon_minitime.gif){kind=icon}
Ven 9 Sep - 5:21 par 
Sujet: [20/10/2016] La fin d'une légende... 
