La Nouvelle-Atreval est en ruine. Vil'Ja contemple avec horreur les décombres. De la majesté impériale de la Nouvelle-Ätreval, il ne restait qu'un tas de cendre et de pierre calcinée.
Les quelques croisés qui restaient, ne perdirent pas de temps et s'en allèrent. Ils étaient conscient que la bataille était perdue... Plus rien. Plus rien. Ces mots tournoyaient dans sa tête à une allure ahurissante. Vil'Ja eut un sentiment d'abattement... Un sentiment qu'il n'avait jamais ressenti auparavant. Il n'avait pas l'étoffe d'un chef, et la Garde était en lambeau. Les Grands héros de Tol Barad étaient morts désormais : Vealan, Adaneril...
Vil'Ja ordonne aux Gardiens qui l'entouraient d'entamer les réparations. Ceux-ci s'affairèrent dans un silence mortuaire. Le troll chasseur des ombres en profita pour chercher le corps du feu Maitre.
Il chercha plusieurs heures durant. Sa panthère au loin le regardait faire. Vil'Ja pouvait déjà entendre les réprobations de Samedi, son Loa protecteur : Il lui avait donné la mission de tuer le Seigneur Noir pour rétablir l'équilibre. Il est évident qu'il tardait à accomplir sa mission. Vil'ja, exténué, écrasé par les responsabilités qui pesaient sur ses épaules décida de s'éloigner, de profiter de la nuit froide des terres gelées du Nord.
Personne ne le vit sortir, trop affairé à reconstruire ce qui pouvait l'être. Seule une paire d'yeux le vit s'en aller...
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Vil'ja était assis sous un arbre au bord de la falaise surplombant le désert gelé de la Désolation des Dragons. Oka'Ri n'osa pas, dans un premier temps, le rejoindre. Elle savait qu'il affectionnait particulièrement la solitude. Voyant son mine, inhabituellement fixe, elle s'approcha de lui et posa sa main sur son épaule. Il sursauta, revenant dans le monde réel.
Il se tourna pour faire face à sa fiancée.
"Oka'Ri... je ne sais pas quoi faire. Je ne suis pas un chef. Je... Je me sens perdu." déplore Vil'ja
-Tais toi, Vil'Ja. Ne sois pas défaitiste. dit Oka'ri d'un ton ferme.
-La Garde est en lambeau. Nous ne pouvons PAS gagner. Silumgar est plus puissant que jamais. Nos héros sont morts... dit Vil'ja en regardant le sol.
Un silence pesant s'abattit sur les 2 amoureux. Le poids des non-dits, des rêves impossibles de paix.
Oka'Ri prit doucement le bras de Van'Jin, releva son visage et lui dit :
"Peut être que nos héros sont morts, c'est vrai... mais aujourd'hui... un nouveau est né. "
Vil'Ja s'échappa de la prise d'Oka'Ri et partit plus loin sans dire mots.
Oka'ri le vit faire et partit, en soupirant.
***
Vil'ja resta une bonne partie de la nuit, seul dans la neige. Il assista à l'extinction des feux d'Atreval. Seule la Garde s'affairait encore, accomplissant la surveillance habituelle.
Vil'Ja finit par s'assoupir. Il plongea dans un rêve étrange. Les mots d'Okari résonnèrent en lui : "Un héros est né..."
Il vit défiler ceux à qui il tenait, ces amis, sa famille, morte pour la défense d'Azeroth.
Vealan, Adaneril. Zil'Ja.
Le rêve s'assombrit aussitôt, une forme noire se forma devant lui. Une panthère gigantesque le fixait de ses yeux carnassiers.
Vil'Ja sentit alors qu'il était en contact avec Samedi.
"Vil'ja... la trollesse est bien plus clairvoyante que toi. se mit à articuler la panthère
-Je ne suis pas un héros.
-Non, effectivement... Les Héros ne sont que des mythes... Des contes pour enfants, des fables pour les faibles. Les héros sont des figures destinées à rassurer l'ignorant sur la bonne marche des choses.
Vil'ja fronça les sourcils.
La panthère se mit à rire.
-Les Héros n'existent pas, jeune Vil'ja. Car le monde ne verra pas toujours triomphé le bien. L'Ordre des choses n'est pas décidé à l'avance.
-Cela veut il dire que j'ai déjà échoué ?
-Bien au contraire, mortel. Cela veut dire que tu as encore le pouvoir d'infléchir les choses....
La panthère se mit à rire. Le rêve commençait à s'estomper....
Une voix assourdissante se mit à résonner.
"Reforme la Dernière Garde. Achève ta formation... ET POURFEND LE SPECTRE QUI ECHAPPE A MON ROYAUME."
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Vil'ja se réveilla en sursaut. L'aube était là. Le Soleil dardait ses minces rayons, qui se projettaient sur la neige, formant un immense spectacle : un écran de lumière argenté, irradiant Vil'ja de sa pureté. Il prit une grande inspiration. Se mit en marche vers la nouvelle Atreval. Les quelques Gardiens qui restaient, des novices, des recrues, regardaient leur chef avec une pointe de peur.
Comme si cela avait toujours été dans ses gênes
, le jeune troll grimpa sur l'échafaud. Il se hissa de toute sa taille et posa son regard sur chaque Gardiens.
"Aujourd'hui, la mort a prélevé son tribut. Nos morts jonchent les sols.
Je sais que vous ne me connaissez pas depuis longtemps. Certains doutent avec raison de mes talents de leader."
Vil'Ja fit planer un silence impérieux.
"Il y a encore quelque mois, je n'étais qu'un enfant. Je ne sais pas encore pourquoi Adaneril m'a choisi pour lui succéder. Mais ... ce que je sais. Ce que je sais, c'est que Vealan et Adaneril m'ont toujours fait confiance. Ils ont su voir en moi, ce que moi-même, je ne parvenais pas à voir.
Je ferai de mon mieux pour achever ce que Van'Jin a commencé, ce qu'Adaneril à poursuivit. Soyez en sûr."
Oka'Ri regarda Vil'ja avec un sourire.
"L'heure est grave, Gardiens ! La menace qui se dresse contre nous est plus forte que jamais.
Mais, les valeurs que nous défendons, le monde que nous chérissons. Tout cela méritent que nous essayons. Je ne vous promet pas la victoire. Beaucoup mourront encore. Les ténèbres seront omniprésentes. Mais... nous tous, aspirons au même idéal."
Vil'ja regarde Oka'ri, puis Leanel.
"Vivre avec ceux que nous aimons, dans la paix."
La panthère vint se mettre sur l'échafaud, sa grâce prédatrice légitimant le Chasseur des Ombres.
"Et pour atteindre la paix... Il n'y a qu'une seule chose à faire. Pour avoir la paix, il faut répandre le sang de ceux qui veulent vous l'ôter !
NOUS VENGERONS VANJIN, NOUS VENGERONS VEALAN, NOUS VENGERONS ADANERIL !
GARDIENS, IL EST TEMPS QUE AZEROTH CONNAISSENT DE NOUVEAU L'ESPOIR ! INCARNEZ CETTE ESPOIR ! REBÂTISSEZ CETTE FORTERESSE, ET ENSEMBLE, NOUS VAINCRONS !"
Le groupe de Gardiens se mit à entonné "ENSEMBLE, NOUS VAINCRONS !".
Galvanisé, les Gardiens semblaient invincibles.
Vil'Ja fit apparaître un léger sourire : "ils sont prêts."
Levant son poing haut dans ce ciel azuré, une clameur s'élève peu à peu pour finalement devenir un écho assourdissant.
Les Hommes levèrent leurs armes au dessus de leurs têtes et suivirent leur chef.
Izumy, se mit à sourire... Elle y voyait bien là le digne fils de son père...